C’est parfois le seul acte médical effectué sur un chien durant toute sa vie, la seule visite annuelle chez son vétérinaire préféré : le vaccin ! Cet acte paraît anodin, simple, habituel et pourtant il est d’une importance capitale pour tous les chiens ! Pas question de vacciner bêtement donc ! Voici une synthèse pour savoir tout ce que vous devez savoir à propos de la vaccination du chien.

La base

Qu’est-ce que l’immunité ? Qu’est-ce qu’un vaccin ?

L’immunité : c’est l’ensemble des mécanismes qui permettent à l’organisme de se défendre contre les agents infectieux : bactéries, virus et parasites.

Il existe plusieurs types d’immunité :
1 – l’immunité « non spécifique », une première protection mise en jeu d’emblée et quel-que-soit l’agent infectieux mis en cause : par exemple, c’est l’immunité non-spécifique qui se manifeste lors de l’apparition d’un abcès suite à l’inoculation de bactéries par une morsure.
2 – l’immunité spécifique, qui intervient dans un second temps, après l’intervention de l’immunité non spécifique lorsque celle-ci n’est plus suffisante. L’immunité spécifique est dirigée contre un agent pathogène précis. Elle met en jeu des cellules immunitaires particulières : les lymphocytes et notamment les lymphocytes B qui fabriquent des anticorps spécifiques de l’agent infectieux à éliminer.

L’immunité spécifique est indispensable à la survie du chien face aux infections graves virales, bactériennes et parasitaires. C’est cette immunité spécifique et la fabrication d’anticorps que l’on cherche à renforcer par la vaccination.

A sa naissance, le chiot ne possède aucune immunité spécifique propre. Dans les premières semaines de vie les chiots ne sont protégés que par les anticorps transmis par leur mère lors de la première tétée, par l’intermédiaire du « 1er lait » : le colostrum.
Cependant, les anticorps maternels disparaissent avec le temps, en partie « consommés » par les agents infectieux rencontrés. Une fois le stock d’anticorps maternels épuisé, les chiots doivent s’immuniser par leurs propres moyens : soit en survivant à une maladie (bof), soit en étant vaccinés contre cette maladie (mieux !!).

La vaccination : consiste à injecter à un animal tout ou partie d’un agent infectieux (virus, bactérie ou parasite), après l’avoir modifié pour le rendre incapable de donner la maladie, afin de stimuler l’immunité spécifique de l’animal contre cet agent : on protège l’animal contre cet agent infectieux sans lui donner la maladie.

Le but du vaccin est de fabriquer une « mémoire immunitaire » : l’organisme garde en mémoire la rencontre avec l’agent infectieux contenu dans le vaccin. Par la suite, si le chien rencontre l’agent infectieux dans la nature, l’organisme le reconnaîtra et mettra en place une réponse immunitaire spécifique très rapide et très efficace, beaucoup plus rapide et efficace que si c’était sa première rencontre avec cet intrus ; l’agent infectieux sera donc éliminé beaucoup plus facilement et l’animal ne tombera pas malade !

La réponse de l’immunité spécifique à un agent infectieux est donc « boostée » par le vaccin. Mais il faut bien comprendre que l’immunité n’est pas infaillible : il n’existe pas de vaccin permettant de protéger l’animal à 100%. Le but de la vaccination du chien est de limiter le risque de tomber malade, mais si la quantité d’agents infectieux attaquant l’animal est trop importante, si le chien est en contact avec de nombreux chiens malades, le système immunitaire pourra être dépassé et l’animal tombera malade même s’il est vacciné.
Même si vous êtes vacciné contre la grippe, si vous montez dans un bus rempli de centaines de gens malades, la pression infectieuse sera telle, que vous risquez de tomber malade…en dépit de votre protection vaccinale…

Par ailleurs, cette « mémoire immunitaire » apportée par le vaccin est de durée limitée : petit à petit le système immunitaire « oublie ». Des « rappels » de vaccination seront donc nécessaires pour que l’animal soit à nouveau protégé.
Chez le chiot ou lors de la première vaccination, plusieurs rappels à environ 1 mois d’intervalle sont parfois nécessaires pour que la mémoire immunitaire s’installe durablement : c’est la « primovaccination ». Par la suite, chez le chien adulte, chaque rappel permet de protéger l’animal durant en moyenne 1 an contre la plupart des maladies.

Contre quelles maladies vaccine-t-on les chiens ?

Jetez un œil sur le carnet de vaccination de votre chien : les étiquettes de vaccins portent des abréviations bien mystérieuses : CHP / L / R et parfois également KC, Pi ou PIRO : décryptage

C : pour maladie de Carré (ou D, Distemper disease en anglais). Cette maladie est due à un virus, cousin éloigné du virus de la rougeole humaine. Elle peut toucher les chiens de tous âges et s’attaque notamment au système nerveux de l’animal. Elle provoque systématiquement la mort en quelques semaines : aucun traitement spécifique n’existe. On observe tous les ans quelques cas sporadiques en France.

H : pour Hépatite de Rubarth (ou Hépatite contagieuse). Cette maladie est due à l’adénovirus canin de type 1. Elle est devenue extrêmement rare en France. Elle touche principalement de très jeunes chiots, mais des chiens adultes peuvent également être atteints. Comme son nom ne l’indique pas, l’hépatite contagieuse s’attaque à tous les organes vitaux du chien : foie, rein, rate, cerveau, intestin, système cardio-vasculaire… Même si elle n’est pas toujours mortelle, elle entraîne souvent des séquelles irréversibles. Là encore, aucun traitement spécifique de cette maladie virale n’est disponible.

P : pour Parvovirose. La parvovirose est due au parvovirus canin de type 2. Encore une maladie virale donc, qui est cette fois extrêmement fréquente en France et notamment chez les jeunes chiots et jeunes adultes en élevage ou en animalerie. Cette maladie est en effet caractérisée par une extrême contagiosité (transmission par l’intermédiaire des selles contaminées) : c’est la « maladie des collectivités » par excellence. Le symptôme principal de la parvovirose est une diarrhée violente hémorragique (selles très liquides contenant du sang) ; la parvovirose est très souvent mortelle chez le chiot. Et là encore, pas de traitement spécifique possible !

L : pour Leptospirose. La leptospirose est une maladie bactérienne, due à une bactérie en forme de ressort de l’ordre des spirochètes, appartenant au genre Leptospira. Cette maladie est transmise par l’intermédiaire de l’urine contaminée des rongeurs ou d’autres chiens malades. La bactérie passe par voie transcutanée en contaminant de petites plaies non cicatrisées : la transmission est fréquente lors de baignade du chien dans une rivière habitée par des ragondins porteurs de la maladie. La leptospirose s’attaque aux globules rouges du chien, et provoque un ictère (jaunisse) fulgurant avec insuffisances rénale et hépatique aigues. La maladie peut être traitée par les antibiotiques si elle est prise à temps, mais l’animal conserve souvent des séquelles irréversibles. Attention : la leptospirose est transmissible à l’homme ! Et cette maladie est particulièrement fréquente en Bretagne et Pays de la Loire…

R : pour Rage. La rage est due au célèbre virus découvert par Pasteur. La rage atteint le système nerveux du chien entraînant une agressivité exacerbée brutale caractéristique et la mort systématique de l’animal en moins de 15 jours. Cette maladie est bien évidemment transmissible à l’homme, chez qui elle est également systématiquement mortelle. La rage canine n’existe plus en France depuis quelques années, même si des importations non contrôlées de chiens atteints remettent malheureusement parfois cette maladie dans l’actualité. La vaccination du chien contre la rage est la seule vaccination soumise à réglementation : la vaccination antirabique est en particulier obligatoire pour les chiens « catégorisés » selon la loi sur les chiens dits « dangereux » du 6 janvier 1999.

KC : pour Kennel cough, ou « toux de chenil » en français. La toux de chenil est principalement due à la bactérie Bordetella bronchiseptica, cousine éloignée de la bactérie agent de la coqueluche humaine. Cette bactérie s’attaque à l’appareil respiratoire du chien provoquant des quintes de toux irrépressibles, très fatigantes pour l’animal. Ce n’est pas une maladie mortelle, mais il peut être très compliqué de s’en débarrasser, avec parfois nécessité de traitements antibiotiques de 3 à 4 semaines, d’un coût non négligeable. La toux de chenil est extrêmement contagieuse : c’est pourquoi elle est surtout présente en collectivités, mais votre chien peut être facilement contaminé au club canin, ou même lors de rencontre avec d’autres chiens au parc !

Pi : pour Parainfluenza. Le virus Pi est également un agent de la toux de chenil, mais son rôle est mineur par rapport à Bordetella bronchiseptica. La vaccination « Pi » seule, souvent associée à la vaccination classique « CHP » ne suffit donc pas à protéger votre chien contre la toux de chenil !

Piro : pour Piroplasmose ou Babésiose. La piroplasmose est une maladie due à des parasites unicellulaires (protozoaires) : les piroplasmes, du genre Babesia. Les piroplasmes sont transmis par les tiques contaminées, lorsqu’elles piquent le chien. La piroplasmose entraîne une destruction des globules rouges : le chien est brutalement très fatigué, il présente une forte fièvre (>40°C), ses muqueuses deviennent pâles voire jaunâtres et ses urines peuvent devenir brunes à cause de la présence de pigments s’échappant des globules rouges détruis. Sans traitement, le chien peut mourir en quelques jours. La vaccination contre la piroplasmose est conseillée uniquement chez les chiens à risques (chasseurs, chien à la campagne…etc) et doit toujours être précédée par la mise en place de traitements anti-tiques (cf. articles Antiparasitaires Externes).

Mon chien est-il « bien » vacciné ?

Légalement, aucune loi n’oblige les propriétaires de chiens à les vacciner…

Une seule exception : les chiens rentrant dans les catégories visée par la loi du 6 janvier 1999 (« Pitbulls », « Boerbulls », « Tosa », Am’Staff’, Rottweiler) qui doivent obligatoirement être vaccinés contre la rage.

D’un point de vue médical, il est bien sûr plus que conseillé de faire vacciner votre chien contre toutes les maladies graves. La vaccination du chien se fait alors en général tous les ans pour les maladies habituelles (CHPPi L) : les chiots de moins de 4 mois reçoivent en général 2 à 3 injections de « primovaccination », les adultes reçoivent une seule injection par an de « rappel ». Votre vétérinaire contrôle à chaque visite vaccinale le carnet de santé ou passeport sur lequel sont indiquées les dates des précédentes vaccinations et vérifie si votre animal est bien à jour.
Le rappel annuel de vaccination doit être effectué strictement 1 an après le précédent ; un dépassement est toléré s’il n’excède pas un mois. Au-delà, la mémoire immunitaire n’est plus présente et votre chien n’est plus protégé ! (La tolérance est cependant plus importante pour les vaccins « CHP » qui protègent plus longtemps que les vaccins contre la leptospirose et la rage dont la durée de protection est de 1 an strict maximum).

La vaccination du chien contre la rage (R) reste optionnelle (pour les chiens ne rentrant pas dans les catégories visées par la loi du 6 janvier 1999), puisque la rage a disparu depuis bien longtemps en France. Mais sachez que la vaccination antirabique est très peu coûteuse et vous permet d’avoir l’esprit tranquille dans le cas où un chien atteint de rage serait importé malencontreusement en France (ce fut le cas il y a quelques années en région bordelaise…). La vaccination contre la rage se fait sur les chiens de plus de 3 mois ; 1 rappel tous les ans est nécessaire.

La vaccination contre la toux de chenil (Bordetella bronchiseptica) est fortement conseillée pour les chiens susceptibles d’être en contact fréquent avec d’autres chiens : notamment les chiens qui viennent en club canin, les chiens de chasse, les chiens mis en pension canine et bien entendu les chiens d’élevage. La vaccination « toux de chenil » se fait par injection ou par instillation intra-nasale. La primovaccination peut nécessiter 2 injections à un mois d’intervalles pour le vaccin injectable. Le rappel se fait ensuite une fois par an et peut être fait en même temps que les autres vaccins classiques (CHP L R).

La vaccination contre la piroplasmose n’est à effectuer que sur les chiens réellement à risque, car la vaccination est parfois mal tolérée par l’animal et la protection apportée n’est pas toujours suffisante. C’est en outre une vaccination relativement coûteuse. Cette vaccination doit de toute façon être précédée de mesures de lutte contre les tiques. La vaccination du chien contre la piroplasmose nécessite 2 injections à un mois d’intervalle en primovaccination puis un rappel tous les 6 mois.

Attention si vous voyagez avec votre chien à l’étranger ! Pour certains pays et en particulier les pays de Grande-Bretagne, la vaccination contre la rage vous sera demandée. Cette vaccination devra être inscrite sur un passeport canin européen officiel dûment rempli (vaccins à jour, certificat de bonne santé, attestation de traitement anti-tique et vermifuge) et signé par votre vétérinaire préféré. La vaccination contre la rage ne sera valide que si votre animal est identifié par puce électronique.
Enfin, pour la Grande-Bretagne, il vous sera en outre demandé un dosage du taux d’anticorps antirabiques datant d’au moins un mois avant votre entrée sur le territoire britannique : le dosage se fait sur une prise de sang réalisée quelques semaines après l’injection du vaccin. Ces démarches peuvent donc prendre du temps et doivent être prévues bien avant votre départ en vacances !!

Est-il utile de faire vacciner votre chien contre des maladies qui semblent avoir disparu en France ?

La réponse est simple : Oui !! C’est justement parce que l’on vaccine bien nos chiens que ces maladies sont devenues extrêmement rares !
A l’échelle d’une population, le but est de vacciner un pourcentage suffisamment important de la population canine pour que la maladie ne trouve plus assez d’animaux à contaminer et finisse par disparaître d’elle-même.
Allez : on reprend le bus…. Si vous prenez le bus au milieu d’une centaine de personnes malades, vous n’avez quasi aucune chance d’échapper à la maladie ! A l’inverse, si vous êtes dans un bus rempli de personnes vaccinées et protégées, même si une personne malade monte dans le bus, la charge microbienne qu’elle pourrait transmettre va se « diluer » dans la population vaccinée, et vous avez toute les chances de ne pas tomber malade. C’est sur ce principe que les médecins se basent lors des épidémies de grippe : on vaccine une part suffisamment importante de la population (et en particulier les personnes « fragiles » qui se défendent mal) afin d’épargner TOUTE la population !

La vaccination quasi systématique des chiens dès leur plus jeune âge a ainsi permis d’éradiquer certaines maladies comme la maladie de Carré ou l’hépatite contagieuse en France. Mais attention au relâchement !! Car même si certaines maladies semblent avoir disparues chez nos carnivores domestiques, elles existent toujours à un état latent (certaines de ces maladies peuvent notamment être transmises par les carnivores sauvages) et elles peuvent réapparaître rapidement en cas de chute du taux de vaccination. Récemment, une épidémie de maladie de carré a ainsi été observée chez les chiens domestiques en Suisse et en Allemagne : un relâchement dans la fréquence des vaccinations avait été invoqué pour expliquer la progression de la maladie au sein de la population de chiens domestiques.

Vacciner son chien, c’est donc également un acte civique : car en protégeant son chien, on contribue à la protection de tous !

N’hésitez pas à demander des informations et conseils à votre vétérinaire préféré !